Enivré, enivrant

Qu'est-ce qu'un temple sans adepte?
Qu'est-ce qu'un temple sans son maître?
Qu'est-ce qu'un temple sans ses véléïtés de conquête?
Une tombe sans fond, fuit par son mort
Oublié de tous, fuit par son corps
Bâtit sur un sable mêlé d'argile
Par des mains décharnées, par la foi, rendu agile
Erigé à la gloire de fous sans conscience
Erigé au dépend de disciples noyés dans leur déchéance
Qu'est-ce qu'un regard sans son flot de larmes?
Qu'est-ce qu'un volcan sans sa coulée de lave?
Qu'est-ce qu'une armée sans armes ni parures?
Un enfant sans parents, errant mais jusqu'a quand?
Exploité pour le confort de tous, pour sa chaire diluée dans son sang
Pillé de tous ses droits, avançant de travers dans cette vie
Cultivantsur des immondices un jardin de peines
Stérile de tous sentiments, envahit par le fruit défendu
Stérile de toute conscience, envahit par la charogne
Qu'est-ce que la mort sans les pleurs d'un frères?
Qu'est-ce l'erreur sans sa leçon de vie?
Qu'est-ce que l'amour sans le partage de nos chaires?
Un regard sans expression, mu par l'ennui
Bien trop réel pour être vrai, sûr de son masque
Fiché dans un dossier non classé, figé pour la postérité
Discret en un souffle d'air à nos yeux, sans éclat ni frasque
Vivant caché à la vue du monde du dessus, une carte sans dessous
Vierge de toutes forces, sans atouts, battu, mélangé, la noire est perdue
Qu'est-ce...Qu'est-ce...Qu'est-ce...
Qu'est-ce que la conscience, une suite infinie de questions sans réponses
Entrainant à sa suite un doute pesant, un doute enivrant, enivrant, enivrant