NoTe D'aide
Au revoir à ce long séjour, trop long séjour
Les cordes de ce violon dingue ont rompu le silence
L'éclat du jour naissant éveil le pianiste endormi
Les doigts endoloris de la veille, ce soir douloureux
Emporté dans son élan, la mélopée virevoltante, moment oublié
Retour au réel nauséabond, la montée du venin
L'esprit ailleur quelque part entre l'envie et le désir
Seul la bête de foire, ivrogne du néant, assoiffée de peur
Egayant l'auditoire d'un blues éthéré, humiliée par le temps
Ces notes assomées par le poids de l'attente passée à oublier
Lorsque sa conscience n'est plus qu'un tas de gravas malodorant
Que les gestes se mêlent à ses pensées, à ses songes lubriques
Des rêves amères, des rêves rachitiques affamés de tendresse
Ambitions mortes prisonnières d'une métampsychose vénimeuse
Comme sa tête traversée d'idées noires, ses doigts hurlant
Une mélodie se répendante comme un flot brulant, liqude
Le vénin de ce serpent se mordant la queue atrophiée
Goutte après goutte, rythmant les heures de veille aveugle
Le rendant d'année en année, de moins en moins invincible
Le temps qui sur lui, n'a plus d'emprise, le soude au souvenir
Il lui promit, la guérison, l'oublie présent comblant l'absence
Cela n'a fait pousser en lui qu'un fruit infécondé, au goût d'ennui
Reste une peur, une angoisse de vivre, d'avancer les pions
Le temps qui passe ne fait que fondre ses chaires, bruler sa vie
Descendant d'une lignée d'êtres méconnus, méconnaissables entre tous
Fourbus du poids de leur insatiable peur de vivre l'instant rêvé
Pour qui, vivre, s'enorgueillir d'aimer, sont tabous
Devenu étranger à lui-même, oublié de l'Autre
Inassemblable, semblable à une poupée de cire
Horrifiée par le dégoût d'elle-même, fondue de son regard de glace
Allumant un feu, incontrolable, brasier de leurs baisers
Atre fumant de leurs coeurs, brulant leurs dernières heures
Un Amour s'érodant, s'émiettant, semant des cendres à tous vents
Toutes ces fois à tenter l'impossible grand saut, fuit de la Mort
Honteuse de voir cet homme acétique, rire aux lames qui le défont
Face à lui-même, désincarnation d'un féminin en quête du masculin
Antique chimère d'un monstre et d'une ruine romantique
Empoisonné par la fleur de lys, accueilli comme boufon du roi
Une nausée acide au goût de terre, tombée d'un déluge de pierre
Avançant à tâton dans une vague lumière, floutée de pudeur voilée
Eclairant les uns pour voir la chaire des autres brulée de ce tison ardant
Face à lui-même, le vile et pâle reflet de son ambition dépravée
Prostituant son coeur à une âme grise, maquerelle atteinte à la tête
Descendant d'une lignée d'êtres, illustres inconnus
Courbés par de faux espoirs, tiraillés entre posséder et appartenir
Au fil de lui-même, il avance à pas pourchassés par des ombres
Fuyant de tout son être une humeur vitreuse, froidement vicieuse
Noyé par son sentiment violent de vide, ce néant pesant
Le bruit qui court dans ses veines bouillantes, bientôt béantes
Parcourues d'une amertume glaciale et sirupeusement sucrée
Inassemblable à son semblable, horrifié par le dégoût des autres
De ses rêve à ses cauchemards, il n'y a qu'un pas et aucuns choix
Entre ses rêves et ses cauchemards, son coeur balance
Dites au revoir à jamais, à ce jour, trop long séjour
Les cordes de ce violon dingue ont rompu le silence
L'éclat du jour naissant éveil les piannistes endormis